La fontaine de Barenton
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La fontaine de Barenton
La fontaine de Barenton et son mythe sont étroitement liés à la geste arthurienne. En effet, elle est connue pour avoir abrité les amours de l'enchateur Merlin et de la fée Viviane (la Dame du Lac).
La fontaine, anciennement nommée fontaine de Berenton, est une fontaine merveilleuse mentionnée dès le Moyen-Âge dans plusieurs sources. Elle est citée, vers 1160, comme une fontaine pouvant déclencher la tempête. C'est à la fin du XIIème siècle qu'elle est associée à la légende arthurienne et devient un lieu d'épreuve pour les chevaliers de la cour de Bretagne. Indissociable de la forêt de Brocéliande, elle a néanmoins beaucoup moins de succès que la légendaire forêt et apparaît parfois dans les textes médiévaux sans être nommée.
Le premier tecte à citer la fontaine de Barenton est le Roman de Rou, du poète anglo-normand Robert Wace. Voici ce texte, daté de 1160 :
"La fontaine de Berenton
sort d'une part lez le perron
aler i solent veneor
a Berenton par grant chalor,
e a lor cors l'eve espuiser
e le perron desus moillier
por ço soleient pluie aveir."
Il est dit que lorsque l'on puise l'eau de la fontaine de Barenton, située à Brecheliant (Brocéliande) et qu'on la verse sur le perron, même par grand soleil, la pluie apparaît.
Un quart de siècle plus tard, dans Yvain ou le Chevalier au Lion, Chrétien de Troyes s'inspire du texte de Wace et développe l'histoire de la fontaine et de son perron en l'associant à la légende arthurienne. Il décrit la petite chapelle et le pin à proximité, d'où pend un bassin d'or, mais ne nomme pas la fontaine. Cependant, étant située en forêt de Brocéliande et étant porvue des mêmes caractéristiques merveilleuses, cela ne fait aucun doute : c'est bien la fontaine de Barenton qui est citée par Chrétien de Troyes.
"Mesire Yvains chele nuit ot
Mout boin hostel et mout li plot.
Et quant che vint a l'endemain,
Si vit les tors et le vilain,
Qui la voie li enseigna;
Mais plus de .c. fois se seigna
De la merveille que il ot,
Conment Nature faire sot
Oevre si laide et si vilaine.
Puis erra dusque a la fontaine,
Si vit quanques il vaut veoir.
Sans arrester et sans seoir,
Versa seur le perron de plain
De l'yaue le bachin tout plain.
De maintenant venta et plut
Et fist tel temps que faire dut.
Et quant Dix redonna le bel,
Sor le pin vinrent li oysel
Et firent joie merveillouse
Seur la fontaine perillouse."
Dans le texte de Chrétien, le chevalier Calogrenant vient à la fontaine, déclenche la tempête, et est défié pour cela par le Chevalier Noir qui le vainc. Le roi Arthur veut voir la merveille et décide d'y aller. Mais, Yvain, cousin de Calogrenant le devance, déclenche la tempête et combat le Chevalier Noir. Il le vainc mais est forcé de devenir gardien de la fontaine.
En 1128 Huon de Mery vient à la fontaine -ou plutôt prétend y venir- mais il ne la nomme pas. Dans le conte gallois d'Owein et Luned (début XIIème siècle), correspondant au roman de Chrétien de Troyes, Owein remplace Yvain et Cynon Calogrenant. La description de la fontaine dans le conte gallois est très vraisemblablement empruntée au texte de Chrétien de Troyes.
Localisation
La première tentative de localisation arrive assez tardivement, en 1467 "dans les Usemens de la forest de Brecilien, à l'époque où cette seigneurie appartient à Guy XIV de Laval"
Le texte reprend le celui de Wace et localise la fontaine de Barenton dans la forêt de Paimpont :
"…Item auprès du dit breil, il y a un breil nommé le breil de
Bellanton, et auprès d’yceluy, il y a une fontaine nommée la fontaine
de Bellanton…[…] Item joignant la dite fontaine, il y a une grosse
pierre qu’on nomme le perron de Bellanton, et toutes les fois que le
seigneur de Montfort vient à ladite fontaine, et de l’eau d’icelle
arrose et mouille le perron, quelque chaleur, temps sur de pluie,
quelque part que le vent soit, soudain et en peu d’espace, plutôt que
le dit seigneur n’aura pu recouvrer son chasteau de Comper, ains que
soit la fin d’iceluy jour, plera en pays si abondamment que la terre et
les biens estant en icelle en sont arrousées, et moult leur profite."
Aujourd'hui, la fontaine de Barenton est considérée comme merveilleuse et ayant des vertus de guérison.
Photographie actuelle de la fontaine
La fontaine, anciennement nommée fontaine de Berenton, est une fontaine merveilleuse mentionnée dès le Moyen-Âge dans plusieurs sources. Elle est citée, vers 1160, comme une fontaine pouvant déclencher la tempête. C'est à la fin du XIIème siècle qu'elle est associée à la légende arthurienne et devient un lieu d'épreuve pour les chevaliers de la cour de Bretagne. Indissociable de la forêt de Brocéliande, elle a néanmoins beaucoup moins de succès que la légendaire forêt et apparaît parfois dans les textes médiévaux sans être nommée.
Le premier tecte à citer la fontaine de Barenton est le Roman de Rou, du poète anglo-normand Robert Wace. Voici ce texte, daté de 1160 :
"La fontaine de Berenton
sort d'une part lez le perron
aler i solent veneor
a Berenton par grant chalor,
e a lor cors l'eve espuiser
e le perron desus moillier
por ço soleient pluie aveir."
Il est dit que lorsque l'on puise l'eau de la fontaine de Barenton, située à Brecheliant (Brocéliande) et qu'on la verse sur le perron, même par grand soleil, la pluie apparaît.
Un quart de siècle plus tard, dans Yvain ou le Chevalier au Lion, Chrétien de Troyes s'inspire du texte de Wace et développe l'histoire de la fontaine et de son perron en l'associant à la légende arthurienne. Il décrit la petite chapelle et le pin à proximité, d'où pend un bassin d'or, mais ne nomme pas la fontaine. Cependant, étant située en forêt de Brocéliande et étant porvue des mêmes caractéristiques merveilleuses, cela ne fait aucun doute : c'est bien la fontaine de Barenton qui est citée par Chrétien de Troyes.
"Mesire Yvains chele nuit ot
Mout boin hostel et mout li plot.
Et quant che vint a l'endemain,
Si vit les tors et le vilain,
Qui la voie li enseigna;
Mais plus de .c. fois se seigna
De la merveille que il ot,
Conment Nature faire sot
Oevre si laide et si vilaine.
Puis erra dusque a la fontaine,
Si vit quanques il vaut veoir.
Sans arrester et sans seoir,
Versa seur le perron de plain
De l'yaue le bachin tout plain.
De maintenant venta et plut
Et fist tel temps que faire dut.
Et quant Dix redonna le bel,
Sor le pin vinrent li oysel
Et firent joie merveillouse
Seur la fontaine perillouse."
Dans le texte de Chrétien, le chevalier Calogrenant vient à la fontaine, déclenche la tempête, et est défié pour cela par le Chevalier Noir qui le vainc. Le roi Arthur veut voir la merveille et décide d'y aller. Mais, Yvain, cousin de Calogrenant le devance, déclenche la tempête et combat le Chevalier Noir. Il le vainc mais est forcé de devenir gardien de la fontaine.
En 1128 Huon de Mery vient à la fontaine -ou plutôt prétend y venir- mais il ne la nomme pas. Dans le conte gallois d'Owein et Luned (début XIIème siècle), correspondant au roman de Chrétien de Troyes, Owein remplace Yvain et Cynon Calogrenant. La description de la fontaine dans le conte gallois est très vraisemblablement empruntée au texte de Chrétien de Troyes.
Localisation
La première tentative de localisation arrive assez tardivement, en 1467 "dans les Usemens de la forest de Brecilien, à l'époque où cette seigneurie appartient à Guy XIV de Laval"
Le texte reprend le celui de Wace et localise la fontaine de Barenton dans la forêt de Paimpont :
"…Item auprès du dit breil, il y a un breil nommé le breil de
Bellanton, et auprès d’yceluy, il y a une fontaine nommée la fontaine
de Bellanton…[…] Item joignant la dite fontaine, il y a une grosse
pierre qu’on nomme le perron de Bellanton, et toutes les fois que le
seigneur de Montfort vient à ladite fontaine, et de l’eau d’icelle
arrose et mouille le perron, quelque chaleur, temps sur de pluie,
quelque part que le vent soit, soudain et en peu d’espace, plutôt que
le dit seigneur n’aura pu recouvrer son chasteau de Comper, ains que
soit la fin d’iceluy jour, plera en pays si abondamment que la terre et
les biens estant en icelle en sont arrousées, et moult leur profite."
Aujourd'hui, la fontaine de Barenton est considérée comme merveilleuse et ayant des vertus de guérison.
Photographie actuelle de la fontaine
Re: La fontaine de Barenton
Je ne savais pas tout ça merci beaucoup pour cet article !
Je trouve la culture celtique tellement intéressante, je suis impatiente de lire d'autre article !
Je trouve la culture celtique tellement intéressante, je suis impatiente de lire d'autre article !
Re: La fontaine de Barenton
LaTsarine a écrit:Je ne savais pas tout ça merci beaucoup pour cet article !
Je trouve la culture celtique tellement intéressante, je suis impatiente de lire d'autre article !
Je suis d'accord avec toi, LaTsarine, la culture celtique et bretonne est d'une richesse folle ! Je ne me lasse jamais des légendes, on en trouve toujours des versions différentes...
Et Bow Tie, comme toi, j'adorerais aller en Bretagne, non seulement pour voir le pays, qui doit être magnifique, mais aussi pour voir tous ces lieux mythiques et merveilleux...Une balade au cours de Brocéliande, ça doit être génial !
Re: La fontaine de Barenton
[quote="a-little-bit-dramatic"]
Je vous le confirme, cette région est magnifique ! Si cela vous intéresse je pourrais peut-être poster des photos de Brocéliande.
LaTsarine a écrit:Et Bow Tie, comme toi, j'adorerais aller en Bretagne, non seulement pour voir le pays, qui doit être magnifique, mais aussi pour voir tous ces lieux mythiques et merveilleux...Une balade au cours de Brocéliande, ça doit être génial !
Je vous le confirme, cette région est magnifique ! Si cela vous intéresse je pourrais peut-être poster des photos de Brocéliande.
Re: La fontaine de Barenton
Personnellement, ça m"intéresse beaucoup Rikikibouh !
Tu es de Bretagne, non ? Il me semble que je l'avais vu quelque part...
Je viens de voir par contre que j'avais fait une grosse faute de frappe dans ma réponse...C'était au coeur de Brocéliande et non au cours... n'importe quoi !! :)
Tu es de Bretagne, non ? Il me semble que je l'avais vu quelque part...
Je viens de voir par contre que j'avais fait une grosse faute de frappe dans ma réponse...C'était au coeur de Brocéliande et non au cours... n'importe quoi !! :)
Re: La fontaine de Barenton
Ah j'avais même pas fait gaffe pour ta faute.
Oui c'est exact j'habite en Bretagne. Ok, alors je vais essayer de voir où sont elles rangées et j'essayerai de les publier mais bien après les fêtes je pense.
Oui c'est exact j'habite en Bretagne. Ok, alors je vais essayer de voir où sont elles rangées et j'essayerai de les publier mais bien après les fêtes je pense.
Re: La fontaine de Barenton
Je viens de trouver le résumé de l'histoire d'Owein et Luned, écrite en 1128 par Huon de Mery. Voici l'histoire :
Un soir, Owein, chevalier d'Arthur, devisait avec Cynon qui lui racontait qu'il s'était rendu à la fontaine afin de vérifier si les prodiges qu'on lui avaient contés étaient vrais. Il avait arrosé la dalle de la fontaine avec son eau et, aussitôt, un formidable coup de tonnerre avait éclaté, accompagné d'une averse de grêle. Puis, un chevalier noir surgit, l'attaqua et emmena son cheval.
Après avoir écouté le récit de son compagnon, Owein décida qu'il voulait aussitôt découvrir cet endroit. Il chevaucha alors jusqu'à une clairière où un géant noir entouré d'animaux lui indiqua la route à suivre pour se rendre à la fontaine. Il arriva alors à un arbre vert et vit la fontaine et la dalle. Il s'approcha, versa de l'eau sur la dalleet un formidable orage éclata, encore plus terrible que ce que Kynon avait pu lui raconter. Puis, le soleil brilla de nouveau et les oiseaux chantèrent. Alors qu'Owein se laissait aller à écouter les chants des oiseaux, il entendit des gémissements et vit alors le chevalier noir. Ils se chargèrent alors et brisèrent chacun leurs deux lances. Ils tirèrent alors les épées et Owein blessa mortellement le chevalier noir.
Celui-ci s'enfuit et Owein le poursuivit alors jusqu'à l'entrée d'un château où il tenta d'entrer à la suite du chevalier blessé mais les gens du château laissèrent tomber la herse et l'empêchèrent ainsi d'entrer. Puis, ils fermèrent la porte intérieure, le prenant au piège entre la herse et la porte. Il aperçut alors une ravissante jeune femme aux cheveux blonds qui s'émut de son sort. Elle lui remit un anneau qui avait la propriété de rendre invisible à volonté. Quand les hommes d'arme vinrent pour le chercher, ils ne le virent pas s'échapper et courir, pour retrouver la secourable jeune fille.
C'est alors qu'ils entendirent de grands cris et Luned raconta à Owein que l'on venait de donner l'extrême-onction au maître du château. Son corps fut inhumé le lendemain et, en se mettant à la fenêtre, Owein vit la foule suivre le cercueil et, dans cette foule, un très jolie jeune femme en habits de deuil jaunes;
Luned lui expliqua alors qu'elle était la plus belle, la plus généreuse, la plus noble et la plus sage des femmes et qu'elle était l'épouse du chevalier défunt, la Dame de de la Fontaine. Owein tomba immédiatement amoureux de la belle veuve.
Luned tenta alors de raisonner la Dame inconsolable en lui expliquant que, pour garder la fontain, il lui fallait un époux vaillant chevalier pour la défendre. Elle lui proposa donc de se rendre pour elle à la cour d'Arthur pour lui trouver cet époux. Elle retourna ensuite vers la Dame et lui présenta Owein. Mais la Dame ne fut pas dupe : elle avait compris qu'Owein n'avait pas fait ce long voyage avec Luned et qu'il était resté caché au château après avoir tué le chevalier son époux. Elle épousa néanmoins Owein qui, depuis lors, garda la fontaine avec la lance et l'épée. Tout chevalier qui y venait, il le renversait.
Un soir, Owein, chevalier d'Arthur, devisait avec Cynon qui lui racontait qu'il s'était rendu à la fontaine afin de vérifier si les prodiges qu'on lui avaient contés étaient vrais. Il avait arrosé la dalle de la fontaine avec son eau et, aussitôt, un formidable coup de tonnerre avait éclaté, accompagné d'une averse de grêle. Puis, un chevalier noir surgit, l'attaqua et emmena son cheval.
Après avoir écouté le récit de son compagnon, Owein décida qu'il voulait aussitôt découvrir cet endroit. Il chevaucha alors jusqu'à une clairière où un géant noir entouré d'animaux lui indiqua la route à suivre pour se rendre à la fontaine. Il arriva alors à un arbre vert et vit la fontaine et la dalle. Il s'approcha, versa de l'eau sur la dalleet un formidable orage éclata, encore plus terrible que ce que Kynon avait pu lui raconter. Puis, le soleil brilla de nouveau et les oiseaux chantèrent. Alors qu'Owein se laissait aller à écouter les chants des oiseaux, il entendit des gémissements et vit alors le chevalier noir. Ils se chargèrent alors et brisèrent chacun leurs deux lances. Ils tirèrent alors les épées et Owein blessa mortellement le chevalier noir.
Celui-ci s'enfuit et Owein le poursuivit alors jusqu'à l'entrée d'un château où il tenta d'entrer à la suite du chevalier blessé mais les gens du château laissèrent tomber la herse et l'empêchèrent ainsi d'entrer. Puis, ils fermèrent la porte intérieure, le prenant au piège entre la herse et la porte. Il aperçut alors une ravissante jeune femme aux cheveux blonds qui s'émut de son sort. Elle lui remit un anneau qui avait la propriété de rendre invisible à volonté. Quand les hommes d'arme vinrent pour le chercher, ils ne le virent pas s'échapper et courir, pour retrouver la secourable jeune fille.
C'est alors qu'ils entendirent de grands cris et Luned raconta à Owein que l'on venait de donner l'extrême-onction au maître du château. Son corps fut inhumé le lendemain et, en se mettant à la fenêtre, Owein vit la foule suivre le cercueil et, dans cette foule, un très jolie jeune femme en habits de deuil jaunes;
Luned lui expliqua alors qu'elle était la plus belle, la plus généreuse, la plus noble et la plus sage des femmes et qu'elle était l'épouse du chevalier défunt, la Dame de de la Fontaine. Owein tomba immédiatement amoureux de la belle veuve.
Luned tenta alors de raisonner la Dame inconsolable en lui expliquant que, pour garder la fontain, il lui fallait un époux vaillant chevalier pour la défendre. Elle lui proposa donc de se rendre pour elle à la cour d'Arthur pour lui trouver cet époux. Elle retourna ensuite vers la Dame et lui présenta Owein. Mais la Dame ne fut pas dupe : elle avait compris qu'Owein n'avait pas fait ce long voyage avec Luned et qu'il était resté caché au château après avoir tué le chevalier son époux. Elle épousa néanmoins Owein qui, depuis lors, garda la fontaine avec la lance et l'épée. Tout chevalier qui y venait, il le renversait.
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