La Mode sous la Troisième République
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La Mode sous la Troisième République
La Mode Sous La Troisième République
La guerre de 1870 ne provoque en France qu’un changement de régime politique. La société reste la même, avec son goût du pastiche, le XVIIIème siècle et la Renaissance demeurant ses modèles de prédilection en arts décoratifs. La richesse du pays, la stabilité de la monnaie, la main-d’œuvre à bon marché contribuent à accentuer une tendance déjà manifeste à la surcharge, et le style tapissier transpose sur les toilettes des femmes les drapés, les franges et les glands qui emplissent les appartements.
Worth commence à avoir des imitateurs, comme Margaine-Lacroix, Laferrière, Raudnitz, Redfern, Rouff et Doucet.
Le format des journaux de mode s’agrandit, permettant la publication de belles planches hors-texte en couleurs, comme celle de La Mode Illustrée.
La mode de toute cette période tire son unité de l’usage de la tournure, qui rejette en arrière l’ampleur de la jupe en accusant la cambrure des reins, et succède à la crinoline comme elle avait jadis succédé aux paniers. Ses aspects successifs déterminent les principales phases de l’évolution de la mode durant les vingt années à venir.
De 1869 à 1974, après une apparition d’abord timide, au printemps de 1869, sous la forme d’un coussin bourrin de crin ou d’une échelle de volants empesés que l’on place sous la jupe, la tournure prend du volume et enveloppe les hanches. Le modèle qui a le plus de succès a encore l’aspect d’une crinoline dont le devant est plat et dont le seul le dos est armé de demi-cerceaux superposés, qu’un jeu de cordons permet de cintrer plus ou moins. Un cerceau complet en bas maintient l’ensemble en forme. Soutenues par la tournure, les robes forment en outre, derrière, un pouf qui peut-être, surtout en 1869 et 1870, un drapé agrafé à la taille ou une seconde jupe relevée sur la première par les lés arrières de la jupe, plus longs que ceux des côtés et froncés en hauteur.
1870
1870
1872
1874
Les corsages, qui placent la taille un peu au-dessus de sa ligne naturelle, peuvent être courts sous un pouf amovible, ou bien à basque longue, parfois prolongée en polonaise à trois pans inspirée de celle du XVIIIème siècle. Pour la ville, les manches sont longues, évasées en bas en petite pagode ; les décolletés peu échancrés ou bien ouverts en carré sr des guimpes à col et petits revers ; les jupes rondes ou à petite traîne. Les robes du soir sont à manches courtes, avec des décolletés carrés ou ovales et des traînes un peu plus allongées. Les ornements préférés sont des rubans de velours, disposés suivant des lignes géométriques, des plissés plats, des bouillonnés, des chicorées découpées, que l’on pose sur la faille, le taffetas, l’alpaga ou la mousseline dont sont faites les toilettes.
Pour sortir, on porte, le jour, une visite, qui descend un peu au-dessous des hanches, le soir une sortie de bal, plus longue mais semblable par la coupe singulière des manches, qui emprisonnent tout le haut des bras, ne permettant, à partir du coude, que quelques mouvements très limités. Cette croupe, très typique des contraintes qui s’exercent alors sur la femme, restera à la mode, avec quelques variantes, jusqu’en 1890. Pour réaliser ces vêtements, on emploie la soie et le drap, mais surtout les châles cachemire, dont on commence à se déprendre parce qu’ils s’accommodent mal de la tournure. Ils sont, maintenant produits en grande série, ce qui détourne les élégantes mais les rend accessibles à un public nouveau. En cette première phase de la mode des tournures, les manches de ces visites, à l’endroit où elles se détachent du corps du vêtement, c’est-à-dire au coude, ont tendance à s’élargir en vaste pagode et à se fendre pour tomber en pointe.
De 1874 à 1876, le pouf tend à disparaître mais la tournure subsiste. Elle prend l’aspect d’une queue d’écrevisse à cause de la toile rouge annelée par des baleines, dont elle est faite. On la pose sur l’arrière du jupon, contre lequel se plaquent les deux volets d’étoffe lacés qui la ferment et permettent de courber plus ou moins les baleines
La robe de ville, imitant la robe du soir, se dote d’une traîne que l’on soutient pat un queue de toile recouverte de volants empesés ; elle s’attache à la taille et à la robe par des cordons. Le devant de la jupe est garni de plis transversaux, de volants plats ou d’un tablier drapé. Le corsage ajusté, à manches plates trois-quarts ou longues, dégage plus ou moins les hanches. Franges, plissés, larges biais, sont les ornements préférés. On recherche aussi sur une même toilette les oppositions de tons clairs et foncés.
La visite est toujours très en faveur.
1876
1876
1876
1876
1876
1876
1876
1876
1876
1876
De 1877 à 1881 la silhouette devient filiforme. En 1977 et 1878, certaines femmes abandonnent même complètement la tournure et soutiennent leur toilette avec un jupon froncé derrière, à mi-hauteur, par une coulisse et d’une queue d’écrevisse à volants placée sous la traîne. Le pouf disparaît ou se porte tellement bas sur la jupe qu’il ne fait plus aucune saillie sur les reins. Le corsage moule les hanches et parfois descend même en tunique sur la jupe. Certaines robes princesse moulent la taille.
1877
Robe ayant appartenu à la Tsarine Maria Feodorovna 1880
Robe ayant appartenu à la Tsarine Maria Feodorovna 1880
Robe ayant appartenu à la Tsarine Maria Feodorovna 1880
1881
1881
1881
A partir de 1879, la tournure reprend l’offensive. La taille se cambre, les corsages, très ajustés, prennent la forme d’une jaquette à col officié plongeant dans le dos en une longue basque. Les jupes de ville perdent leur traîne, et toutes s’ornent de multiples plissés, bouillonnés et drapés. La silhouette n’en est pas épaissie pour autant car les couturières ont l’art d’employer le plus grand métrage possible, mais à plat, sans accroître les volumes.
De 1882 à 1889, la tournure s’enfle de plus en plus. Prenant à la hauteur des reins, surtout à partir de 1885, la mobilité d’une capote de voiture, grâce aux cerveaux articulés qui l’arment, elle peut se relever contre un dossier de chaise pour permettre à la femme de s’asseoir plus commodément et doit à ce dispositif le sobriquet de strapontin. Sur la protubérance qu’elle forme, viennent de réunir en nœud, dès 1883, des drapés disposés sur les hanches, que l’on baptise « paniers » par manie du pastiche, mais qui ‘n’ont rien à voir avec ceux du XVIIème siècle.
1882
1882
1882
1882
1883
1883
1883
1883
1883
En 1885, s’instaure l’imitation des modes du temps de Henri II et de la fin du règne de Louis XIV, dont la criarde est copiées par la tournure très proéminente. Les corsages-cuirasses, ajustés et pointus devant, les cols montants, les plastrons triangulaires, les manches bouffantes à leur partie supérieure, les effets de jupe de dessus s’ouvrant sur une jupe de dessous, sont autant d’emprunt aux vêtements de ces époque dont ils prennent aussi la raideur. On aime les étoffes lourdes, les velours, les ottomans, les satins brochés, brodés ou perlés de motifs à grande échelle.
Les visites demeurent en usage, elles sont échancrées à l’arrière afin de dégager le strapontin, et descend en avant en deux longs pans brodés de grosses franges.
1884
1885
1887 et 1892
1887
Vers 1888, l’approche du centenaire de la révolution remet à la mode les tissus rayés de style XVI, la robe à l’anglaise imitée de celle de l’époque de Marie-Antoinette, avec sa jupe de dessus découvrant largement la robe de dessous. Cependant, les lignes en sont beaucoup plus raides, et les larges revers des habits des « incroyables » du directoire sont transformés en robes féminines.
1888
Pendant ces vingt années, la bottine à talon, boutonnée ou lacée, en peau ou en étoffe sombre, est en faveur à la ville. En toilette de soirée ou de cérémonie, on la remplace par des décolletés, à bouts arrondis jusqu’en 1880, plus pointus ensuite.
La guerre de 1870 ne provoque en France qu’un changement de régime politique. La société reste la même, avec son goût du pastiche, le XVIIIème siècle et la Renaissance demeurant ses modèles de prédilection en arts décoratifs. La richesse du pays, la stabilité de la monnaie, la main-d’œuvre à bon marché contribuent à accentuer une tendance déjà manifeste à la surcharge, et le style tapissier transpose sur les toilettes des femmes les drapés, les franges et les glands qui emplissent les appartements.
Worth commence à avoir des imitateurs, comme Margaine-Lacroix, Laferrière, Raudnitz, Redfern, Rouff et Doucet.
Le format des journaux de mode s’agrandit, permettant la publication de belles planches hors-texte en couleurs, comme celle de La Mode Illustrée.
La mode de toute cette période tire son unité de l’usage de la tournure, qui rejette en arrière l’ampleur de la jupe en accusant la cambrure des reins, et succède à la crinoline comme elle avait jadis succédé aux paniers. Ses aspects successifs déterminent les principales phases de l’évolution de la mode durant les vingt années à venir.
De 1869 à 1974, après une apparition d’abord timide, au printemps de 1869, sous la forme d’un coussin bourrin de crin ou d’une échelle de volants empesés que l’on place sous la jupe, la tournure prend du volume et enveloppe les hanches. Le modèle qui a le plus de succès a encore l’aspect d’une crinoline dont le devant est plat et dont le seul le dos est armé de demi-cerceaux superposés, qu’un jeu de cordons permet de cintrer plus ou moins. Un cerceau complet en bas maintient l’ensemble en forme. Soutenues par la tournure, les robes forment en outre, derrière, un pouf qui peut-être, surtout en 1869 et 1870, un drapé agrafé à la taille ou une seconde jupe relevée sur la première par les lés arrières de la jupe, plus longs que ceux des côtés et froncés en hauteur.
1870
1870
1872
1874
Les corsages, qui placent la taille un peu au-dessus de sa ligne naturelle, peuvent être courts sous un pouf amovible, ou bien à basque longue, parfois prolongée en polonaise à trois pans inspirée de celle du XVIIIème siècle. Pour la ville, les manches sont longues, évasées en bas en petite pagode ; les décolletés peu échancrés ou bien ouverts en carré sr des guimpes à col et petits revers ; les jupes rondes ou à petite traîne. Les robes du soir sont à manches courtes, avec des décolletés carrés ou ovales et des traînes un peu plus allongées. Les ornements préférés sont des rubans de velours, disposés suivant des lignes géométriques, des plissés plats, des bouillonnés, des chicorées découpées, que l’on pose sur la faille, le taffetas, l’alpaga ou la mousseline dont sont faites les toilettes.
Pour sortir, on porte, le jour, une visite, qui descend un peu au-dessous des hanches, le soir une sortie de bal, plus longue mais semblable par la coupe singulière des manches, qui emprisonnent tout le haut des bras, ne permettant, à partir du coude, que quelques mouvements très limités. Cette croupe, très typique des contraintes qui s’exercent alors sur la femme, restera à la mode, avec quelques variantes, jusqu’en 1890. Pour réaliser ces vêtements, on emploie la soie et le drap, mais surtout les châles cachemire, dont on commence à se déprendre parce qu’ils s’accommodent mal de la tournure. Ils sont, maintenant produits en grande série, ce qui détourne les élégantes mais les rend accessibles à un public nouveau. En cette première phase de la mode des tournures, les manches de ces visites, à l’endroit où elles se détachent du corps du vêtement, c’est-à-dire au coude, ont tendance à s’élargir en vaste pagode et à se fendre pour tomber en pointe.
De 1874 à 1876, le pouf tend à disparaître mais la tournure subsiste. Elle prend l’aspect d’une queue d’écrevisse à cause de la toile rouge annelée par des baleines, dont elle est faite. On la pose sur l’arrière du jupon, contre lequel se plaquent les deux volets d’étoffe lacés qui la ferment et permettent de courber plus ou moins les baleines
La robe de ville, imitant la robe du soir, se dote d’une traîne que l’on soutient pat un queue de toile recouverte de volants empesés ; elle s’attache à la taille et à la robe par des cordons. Le devant de la jupe est garni de plis transversaux, de volants plats ou d’un tablier drapé. Le corsage ajusté, à manches plates trois-quarts ou longues, dégage plus ou moins les hanches. Franges, plissés, larges biais, sont les ornements préférés. On recherche aussi sur une même toilette les oppositions de tons clairs et foncés.
La visite est toujours très en faveur.
1876
1876
1876
1876
1876
1876
1876
1876
1876
1876
De 1877 à 1881 la silhouette devient filiforme. En 1977 et 1878, certaines femmes abandonnent même complètement la tournure et soutiennent leur toilette avec un jupon froncé derrière, à mi-hauteur, par une coulisse et d’une queue d’écrevisse à volants placée sous la traîne. Le pouf disparaît ou se porte tellement bas sur la jupe qu’il ne fait plus aucune saillie sur les reins. Le corsage moule les hanches et parfois descend même en tunique sur la jupe. Certaines robes princesse moulent la taille.
1877
Robe ayant appartenu à la Tsarine Maria Feodorovna 1880
Robe ayant appartenu à la Tsarine Maria Feodorovna 1880
Robe ayant appartenu à la Tsarine Maria Feodorovna 1880
1881
1881
1881
A partir de 1879, la tournure reprend l’offensive. La taille se cambre, les corsages, très ajustés, prennent la forme d’une jaquette à col officié plongeant dans le dos en une longue basque. Les jupes de ville perdent leur traîne, et toutes s’ornent de multiples plissés, bouillonnés et drapés. La silhouette n’en est pas épaissie pour autant car les couturières ont l’art d’employer le plus grand métrage possible, mais à plat, sans accroître les volumes.
De 1882 à 1889, la tournure s’enfle de plus en plus. Prenant à la hauteur des reins, surtout à partir de 1885, la mobilité d’une capote de voiture, grâce aux cerveaux articulés qui l’arment, elle peut se relever contre un dossier de chaise pour permettre à la femme de s’asseoir plus commodément et doit à ce dispositif le sobriquet de strapontin. Sur la protubérance qu’elle forme, viennent de réunir en nœud, dès 1883, des drapés disposés sur les hanches, que l’on baptise « paniers » par manie du pastiche, mais qui ‘n’ont rien à voir avec ceux du XVIIème siècle.
1882
1882
1882
1882
1883
1883
1883
1883
1883
En 1885, s’instaure l’imitation des modes du temps de Henri II et de la fin du règne de Louis XIV, dont la criarde est copiées par la tournure très proéminente. Les corsages-cuirasses, ajustés et pointus devant, les cols montants, les plastrons triangulaires, les manches bouffantes à leur partie supérieure, les effets de jupe de dessus s’ouvrant sur une jupe de dessous, sont autant d’emprunt aux vêtements de ces époque dont ils prennent aussi la raideur. On aime les étoffes lourdes, les velours, les ottomans, les satins brochés, brodés ou perlés de motifs à grande échelle.
Les visites demeurent en usage, elles sont échancrées à l’arrière afin de dégager le strapontin, et descend en avant en deux longs pans brodés de grosses franges.
1884
1885
1887 et 1892
1887
Vers 1888, l’approche du centenaire de la révolution remet à la mode les tissus rayés de style XVI, la robe à l’anglaise imitée de celle de l’époque de Marie-Antoinette, avec sa jupe de dessus découvrant largement la robe de dessous. Cependant, les lignes en sont beaucoup plus raides, et les larges revers des habits des « incroyables » du directoire sont transformés en robes féminines.
1888
Pendant ces vingt années, la bottine à talon, boutonnée ou lacée, en peau ou en étoffe sombre, est en faveur à la ville. En toilette de soirée ou de cérémonie, on la remplace par des décolletés, à bouts arrondis jusqu’en 1880, plus pointus ensuite.
Re: La Mode sous la Troisième République
Un mot : SPLENDIDE !
Et je ne connaissais pas le premier tableau avant cet article; peux-tu me donner le nom de l'artiste ? ... parce-que j'ai un vrai coup de cœur pour cette peinture !
Et je ne connaissais pas le premier tableau avant cet article; peux-tu me donner le nom de l'artiste ? ... parce-que j'ai un vrai coup de cœur pour cette peinture !
Re: La Mode sous la Troisième République
J'aimerais tellement te le donner, mais moi même je ne le sais pas, je les trouvais sur un site en farfouillant, mais il n(y avait d'inscrit ni le nom du tableau ni le peintre qu'il l'avais fait..
Je les mis exprès parce que moi aussi je le trouve très beau ^^
Je les mis exprès parce que moi aussi je le trouve très beau ^^
Re: La Mode sous la Troisième République
Ce n'est pas grave ! ;)
Si je trouve un jour le nom du peintre je te tiendrais au courant !
Si je trouve un jour le nom du peintre je te tiendrais au courant !
Re: La Mode sous la Troisième République
Pardon je me suis trompée, j'ai confondu ^^, le peintre est Auguste Toulmouche, va voir ses autres tableaux ce sont de vrai merveille !
Re: La Mode sous la Troisième République
Ces robes sont vraiment superbes...Certainement pas faciles à porter (elles ont l'air assez lourdes) mais tellement belles !!
Re: La Mode sous la Troisième République
Oui ça devait pas être super confortable surtout avec le corset, c'est robe était vraiment étriqué, mais comme tu le dis tellement belle !
Re: La Mode sous la Troisième République
Oh là là, oui, le corset, quelle horreur ! J'en ai jamais porté de ma vie (heureusement), mais je crois que je ne pourrais pas !!
Re: La Mode sous la Troisième République
J'en est plusieurs chez moi, (héritage de ma famille) et je dois dire que celui de cette époque est particulièrement désagréable à porter..
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