La Domus Aurea (Rome, Italie)

La Domus aurea (Rome)

Statue à l'intérieur de la Domus aurea

La Domus aurea (maison dorée en français) est un immense palais impérial de la Rome antique, construit par Néron. La maison couvrait une partie importante de Rome intra muros et comportait plusieurs bâtiments distincts, de vastes jardins, un lac artificiel, une salle de banquet dont le plafond, qui représentait la voûte céleste, tournait sur lui-même.
Après la mort de Néron, l'espace occupé par le palais fut rendu aux citoyens romains et le Colisée fut édifié sur l'emplacement du lac artificiel. Ensevelie pendant des siècles, la Domus aurea n'est redécouverte en partie qu'à la Renaissance.
La traduction la meilleure serait "maison de l'Age d'Or", l'époque où les fruits poussaient tous seuls et où le travail était inutile. Au XXème siècle, de nombreuses fouilles et de longs travaux de restauration ont permis de rouvrir l'accès à la maison aux visites publiques (1999), après une vingtaine d'années de fermeture. De nouvelles dégradations ont entraîné une nouvelle fermeture en décembre 2005. A l'automne 2009, un communiqué de presse du C.N.R.S affirme que l'équipe de Françoise Villediu aurait retrouvé un élément central des sources littéraires, la cenatio rotunda (la salle à manger de la maison, au plafond tournant).
Le 30 Mars 2010, le plafond de l'une des galeries souterraines s'est effondré sur une dizaine de mètres.
*La construction et l'histoire de la Domus aurea
C'est à partir de l'an 64, après l'incendie de Rome dont certains l'accusent, que l'empereur Néron confie à deux architectes, Severus et Celler (d'après les Annales de Tacite), la construction d'un somptueux palais qui doit s'étendre du mont Palatin au mont Cælius, partie avancée de l'Esquilin, que le grand incendie a particulièrement endommagé. Constitué de vastes appartements et de salles d'apparat, l'ensemble comprend des bains, des maisons de campagne, des cryptoportiques et des jardins où se dressent des colonnades qui reflètent dans des nymphées.
Suétone, bien que contemporain d'Hadrien (il n'a donc pas pu voir la Domus aurea) en fait une description très riche. La voici :
« [Néron] se fit bâtir une maison qui s’étendait du Palatin à l’Esquilin, et l’appela d’abord Domus Transitoria (le Passage), puis un incendie l’ayant détruite, il la reconstruisit sous le nom de Domus aurea (maison dorée). […] Dans son vestibule on avait pu dresser une statue colossale de Néron, haute de 120 pieds ; la demeure était si vaste qu’elle renfermait des portiques à trois séries de colonnes, longs de mille pas, une pièce d’eau semblable à la mer, entourée de maisons formant comme des villes, et par surcroît une étendue de campagne où se voyaient des cultures, des vignobles, des pâturages et des forêts, contenant une multitude d’animaux domestiques et sauvages. Dans le reste de l’édifice tout était couvert de dorures, rehaussé de pierres précieuses et de nacre. Le plafond des salles à manger était fait de tablettes d’ivoire mobiles et percées de trous afin qu’on pût répandre sur les convives des fleurs ou des parfums. La principale salle était ronde et tournait continuellement sur elle-même, alternant jour et nuit comme l’univers. Dans les salles de bains coulaient les eaux de la mer et celles d’Albula. »
Tacite confirme cette description :
« les pierres précieuses et l’or […] étonnaient moins que les champs, des étangs et comme on le voit dans les campagnes désertes, des forêts, là des espaces ouverts, des perspectives.»
Pour la décoration des nombreuses salles, Pline l'Ancien mentionne le peintre de fresque Fabullus, qui associe avec talent le chromatisme des fresques aux effets fastueux du stuc doré.
La construction de la Domus aurea et de la Domus transitoria voit l'introduction dans le monde romain d'innovations architecturales et artistiques et remarquables telles que la multiplication des salles en voûtes et les coupoles. La salle de banquet du palais est arrondie et possède une coupole de 13 mètres de diamètre, ouverte à sa son sommet par un oculus et supportée par 8 piliers. Cela préfigure l'architecture du Panthéon de Rome.
Les fontaines d'intérieur (nymphées) sont monumentales et diffusent la fraîcheur ainsi que des reflets lumineux dansant dans les salles. C'est dans la maison que sont posées les premières mosaïques du monde antique, sur des parois verticales et des voûtes. Cette pratique se généralisera après Néron et se perpétua dans les siècles suivants. Les murs sont ornés de fresques d'inspiration fantastique, représentant des architectures en trompe-l'œil (c'est une préfiguration des derniers styles de peinture pompéiens).
Les bâtiments de la Domus aura atteignent un gigantisme inégalé et extraordinaire. Au XXème siècle, les fouilles entreprises sur les pentes de l'Oppius ont permis de dégager un ensemble monumental de 240 mètres de long (la longueur d'origine devait probablement atteindre 370 mètres), construit en briques et en béton et comportant 200 pièces (150 ont été mises au jour). Les voûtes intérieures atteignaient 10 mètres de hauteur. Mais, étrangement, aucune installation nécessaire à la vie quotidienne comme les cuisines ou les latrines n'a été repérée, ce qui laisse supposer que cette partie du palais adossée à la colline était plus un décor où un vaste espace de représentation qu'une résidence.
Un tel accaparement de la surface urbaine fut mal perçue par les habitants de Rome et Suétone rapporte dans ses écrits cette plaisanterie qui circula à Rome :

« Rome deviendra sa maison. Citoyens, émigrez à Véies,
Si cette maudite maison n’englobe pas jusqu’à Véies »

En 69, Othon, l'un des successeurs de Néron accorde un crédit de 50 millions de sesterces, voté par le Sénat, pour terminer les travaux de la Domus aurea. Mais, après cette date, l'espace occupé par le monumental édifice fut rendu aux Romains et progressivement réaménagé : Vespasien, dans la partie est, créa un vaste jardin public appelé le forum de la Paix. La partie adossée au Cælius fut ensevelie sous des remblais lors de l'édification des thermes de Titus et Trajan. A l'emplacement du lac artificiel, Vespasien bâtit un amphithéâtre, qui prit ensuite le nom de Colisée (Colosseum), inspirée par la statue colossale de Néron. A l'emplacement du vestibule de la Domus aurea, l'empereur Hadrien fit construire le vaste temple de Vénus et de Rome. Ainsi remblayée, la Domus aurea disparut aux yeux du peuple romain mais fut ainsi protégée.
*La redécouverte de la Domus aurea
A la fin du XVème siècle, un jeune Romain qui passait aux abords de la maison tomba dans un trou sur les pentes de l'Oppius et se retrouva dans une sorte de grotte couverte de peintures surprenantes. Des jeunes artistes, à leur tour, descendirent dans la grotte pour explorer ces salles ensevelies et peintes. Les fresques ainsi découvertes inspirèrent un nouveau style de décoration, plein de fantaisie, que l'on baptisa « grotesques ». Les célèbres artistes Domenico Ghirlandaio, Raphaël et Michel-Ange, descendus à leur tour, eurent la révélation de ce qu'était l'art antique oublié. On pense que Raphaël en tira une partie de son inspiration pour la décoration des fameuses Loges du Vatican.
D'autres visitèrent célèbres allèrent visiter les vestiges ensevelis, comme le marquis de Sade, Giacomo Casanova et le peintre Filippino Lippi. Mais, à la longue, ces visites firent pénétrer l'humidité dans les salles, jusque là protégées par les remblais et provoquèrent un lent processus de dégradation des fresques.



Fresques de la Domus Aurea


La cenatio rotunda

Ce palais devait être superbe !
Merci pour ces informations très intéressantes ! Je ne savais que Michel-Ange avait trouvé son inspiration dans cette grotte.

Eh bien, moi non plus ! En fait, je ne savais rien du tout sur cette "maison" ! Ma prof d'Histoire Ancienne l'a vaguement mentionnée au dernier semestre, mais sans plus. Je ne pensais pas trouver autant d'infos, d'aillleurs.